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C-22/25 Intercos Europe - travailleurs temporaires, égalité de traitement des salariés

Demande de décision préjudicielle de la Cour de justice de l'Union européenne

Voir l'annexe pour la décision de renvoi, et cliquer sur ici pour le dossier de la Cour de justice (si disponible).

Date limite de dépôt des dossiers : 28 avril 2025

Mots clés : contrat de travail, travailleurs temporaires, égalité de traitement des salariés

Sujet :
- Directive 2008/104/UE du Parlement européen et du Conseil du 19 novembre 2008 relative au travail intérimaire : considérants 1, 11 et 15 et articles 1 à 6 ;
- Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne : Articles 21 et 31.

Faits :
La requérante "SI" était employée par la défenderesse "Intercos Europe", dans le cadre d'un contrat temporaire et permanent de 2017 à 2023. SI a d'abord travaillé pour Intercos sur une base temporaire pour une période de 22 mois. Après cette première période à durée déterminée, SI, qui avait été engagée à titre permanent par l'agence d'intérim Randstad, a continué à travailler dans la même usine dans le cadre d'un contrat de détachement à durée indéterminée, sur la base d'un accord qui avait été conclu pour la période 2019-2023. L'agence de travail intérimaire Randstad a mis fin au contrat de travail intérimaire à durée indéterminée chez Intercos le 14 décembre 2023 sans fournir de motif. SI conteste la légalité de la détermination du contrat de travail intérimaire à durée indéterminée auprès de la même entreprise d'embauche entre 2019 et 2023.

Considération :
La loi italienne permet seulement que les salariés qui ont été embauchés par une agence de travail intérimaire sur une base permanente soient mis à la disposition du même employeur sans limitation de durée et qu'en cas de cessation prématurée de cette mise à disposition, aucune obligation de justification ne s'applique. La juridiction de renvoi se demande si cela est contraire à la directive 1008/104.

Question préliminaire :
L'article 1er , paragraphe 1, et l'article 5[, paragraphe] 5, de la directive 2008/104/CE, du 19 novembre 2008, doivent-ils être interprétés en ce sens qu'ils s'opposent à une réglementation nationale telle que celle prévue à l'article 31, paragraphe 1, du décret législatif no. 81 de 2015, qui établit certes une désignation permanente par l'agence pour le détachement des travailleurs, mais qui permet qu'un travailleur détaché soit détaché pour une durée indéterminée auprès d'un seul et même employeur, sans établir également l'obligation de motiver la décision de mettre fin à ce détachement ?

Jurisprudence (récente) citée : C-533/13 AKT ; C-681/18 KG ; C-232/20 Daimler.

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  • MÉMOIRE D'AMICUS
    DANS L'AFFAIRE DEVANT LA COUR DE JUSTICE DE L'UNION EUROPÉENNE
    Déposé au nom du Réseau européen pour l'emploi des jeunes
    Re : C-22/25 Intercos Europe - travailleurs temporaires, égalité de traitement des travailleurses
    OBJET
    - Directive 2008/104/UE sur le travail intérimaire
    - Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne : Articles 21 et 31
    INTRODUCTION
    Le Réseau européen pour l'emploi des jeunes (EYEN), une association fictive représentant les intérêts des jeunes entrant sur le marché du travail européen, soumet ce mémoire d'amicus curiae dans l'affaire concernant SI et Intercos Europe. En tant que futurs demandeurs d'emploi, nous sommes directement concernés par la manière dont le travail temporaire est réglementé dans l'Union européenne.
    QUI NOUS SOMMES ET POURQUOI CELA NOUS IMPORTE
    Nous représentons des millions de jeunes Européens qui sont sur le point d'entrer sur le marché du travail ou qui l'ont rejoint récemment. Pour beaucoup d'entre nous, le travail intérimaire est leur première expérience professionnelle. L'interprétation par la Cour de la directive 2008/104/UE aura une incidence directe sur nos carrières, notre sécurité d'emploi et nos conditions de travail pour les décennies à venir.
    NOTRE POINT DE VUE SUR LA QUESTION
    La réalité à laquelle nous sommes confrontés
    En tant que nouveaux venus sur le marché du travail, nous constatons de plus en plus que les postes temporaires ne sont pas un tremplin vers un emploi permanent, mais souvent un état à long terme avec des droits réduits :
    1. la "nouvelle normalité" de notre génération : Ce qui était exceptionnel (le travail temporaire) devient la norme pour nous. Dans de nombreux secteurs, nous passons d'une mission "temporaire" à une autre, parfois sur le même lieu de travail pendant des années.
    2. la fausse promesse de flexibilité : Alors que le travail temporaire est souvent présenté comme offrant de la flexibilité aux deux parties, la réalité est celle d'une flexibilité unilatérale qui profite avant tout aux employeurs.
    3. le développement de carrière dans l'incertitude : Sans savoir si nous travaillerons toujours au même endroit le mois prochain, beaucoup d'entre nous ont du mal à planifier leur vie, à demander des prêts ou à investir dans des compétences spécialisées en rapport avec leur lieu de travail actuel.
    L'impact de la disposition italienne
    La disposition italienne autorisant un déploiement indéfini dans la même entreprise sans exiger de justification pour la résiliation affecte notre avenir de plusieurs manières :
    1. l'insécurité perpétuelle : Si elle est maintenue, cette disposition normalise un système dans lequel on peut travailler quelque part pendant des années sans jamais bénéficier de la sécurité de l'emploi.
    2. le déséquilibre des pouvoirs : La menace d'un licenciement arbitraire sans justification crée un important déséquilibre de pouvoir qui nous rend réticents à faire valoir nos droits ou à adhérer à des syndicats.
    3. retarder l'âge adulte : L'insécurité économique retarde les grandes décisions de la vie, comme la fondation d'une famille ou l'achat d'un logement, ce qui a des conséquences sociales plus larges.
    POURQUOI LA DIRECTIVE EST IMPORTANTE POUR NOTRE AVENIR
    La directive 2008/104/UE a été en partie conçue pour garantir que le travail temporaire reste temporaire et ne devienne pas un moyen d'employer de manière permanente des travailleurs ayant moins de droits. Pour nous, cette protection est cruciale :
    1. des voies vers la stabilité : Le travail temporaire doit fonctionner comme il a été conçu, c'est-à-dire comme une passerelle vers un emploi permanent, et non comme un état permanent d'insécurité.
    2. des attentes claires : Nous avons le droit de savoir si un poste est réellement temporaire (pour couvrir un besoin spécifique) ou s'il est effectivement permanent mais avec moins de protections.
    3. les possibilités de développement : Une bonne mise en œuvre de la directive encourage les employeurs à investir dans notre formation et notre développement plutôt que de nous considérer comme perpétuellement remplaçables.
    LES CONSÉQUENCES DANS LE MONDE RÉEL
    Si la Cour autorise les placements "temporaires" pour une durée indéterminée sans obligation de justification pour la résiliation, nous prévoyons que.. :
    1. l'extension de la précarité : Les entreprises seront incitées à développer ce modèle, en remplaçant des postes permanents par des postes "temporaires" perpétuels.
    2. l'inadéquation des compétences : Nous serons découragés de développer des compétences spécialisées sur des lieux de travail où notre position est fondamentalement incertaine.
    3. l'inégalité entre les générations : Un marché du travail à deux vitesses sera cimenté, les travailleurs plus âgés bénéficiant de la sécurité de l'emploi tandis que les plus jeunes seront confrontés à une précarité permanente.
    4. la réduction de la cohésion sociale : La relation de notre génération avec le travail et la société sera fondamentalement différente de celle des générations précédentes, ce qui pourrait avoir des répercussions sociales et politiques.
    TÉMOIGNAGE DE NOS MEMBRES
    Bien que fictifs, ces exemples reflètent des expériences communes :
    Maria, 26 ans, ingénieur diplômée : Cela fait trois ans que je travaille comme "intérimaire" dans la même entreprise de technologie. Je fais exactement le même travail que les employés permanents, mais sans aucune sécurité d'emploi. J'ai repoussé l'idée d'avoir des enfants parce que je ne sais pas si j'aurai un emploi le mois prochain".
    Tomas, 24 ans, agent de santé : "Mon agence peut mettre fin à ma mission à l'hôpital n'importe quand et sans raison. Cela m'empêche de m'exprimer sur les problèmes liés au travail. Nous fournissons des services essentiels, mais nous sommes traités comme des produits jetables."
    Julia, 29 ans, administratrice de bureau : "Après quatre ans d'intérim dans la même entreprise, on m'a soudainement annoncé la fin de ma mission. Aucune raison n'a été donnée. J'ai refusé d'autres opportunités parce qu'on m'avait fait croire que mon poste était stable".
    NOTRE DEMANDE À LA COUR
    Nous demandons respectueusement à la Cour d'interpréter l'article 1, paragraphe 1, et l'article 5, paragraphe 5, de la directive 2008/104/CE comme empêchant les réglementations nationales telles que la disposition italienne qui permettent un déploiement indéfini sans exigences de justification pour la résiliation.
    Cette interprétation serait :
    1. préserver le caractère temporaire du travail intérimaire tel que prévu par la directive
    2. assurer un traitement équitable entre les différentes catégories de travailleurs
    3. créer des voies plus claires vers la sécurité de l'emploi
    4. maintenir une flexibilité appropriée tout en évitant les abus
    CONCLUSION
    La décision de la Cour aura un impact significatif non seulement sur le cas de SI, mais aussi sur les expériences professionnelles futures de millions d'Européens entrant sur le marché du travail. Un arrêt qui confirme la véritable intention de la directive - garantir que le travail temporaire reste temporaire - est essentiel pour la sécurité économique et le bien-être de notre génération.
    Nous demandons instamment à la Cour de tenir compte des conséquences à long terme pour les générations futures de travailleurs lorsqu'elle rendra sa décision.
    Respectueusement soumis,
    Réseau européen pour l'emploi des jeunes

  • MÉMOIRE D'AMICUS
    DANS L'AFFAIRE DEVANT LA COUR DE JUSTICE DE L'UNION EUROPÉENNE
    Déposée au nom de l'Alliance européenne des petites entreprises
    Re : C-22/25 Intercos Europe - travailleurs temporaires, égalité de traitement des salariés
    OBJET
    - Directive 2008/104/UE sur le travail intérimaire
    - Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne : Articles 21 et 31
    INTRODUCTION
    L'European Small Business Alliance (ESBA), une association fictive représentant les petites et moyennes entreprises à travers l'Union européenne, soumet respectueusement ce mémoire d'amicus curiae dans l'affaire concernant SI et Intercos Europe. Cette affaire soulève des questions importantes sur la mise en œuvre de la directive 2008/104/UE qui affectent directement les opérations, les capacités de planification et la compétitivité des petites entreprises dans l'ensemble de l'UE.
    LE POINT DE VUE DES PETITES ENTREPRISES SUR LE TRAVAIL TEMPORAIRE
    La position unique des PME
    Les petites entreprises représentent 99% de toutes les entreprises de l'UE et emploient environ 100 millions de personnes. Contrairement aux grandes entreprises, nous opérons avec :
    1. des ressources administratives limitées : Nous ne disposons généralement pas de services de ressources humaines ou d'équipes juridiques dédiés pour naviguer dans des environnements réglementaires complexes.
    2. des marges opérationnelles réduites : Nous avons moins de marge de manœuvre financière pour absorber des coûts inattendus ou des changements rapides de personnel.
    3. les cycles économiques fluctuants : Nombre d'entre nous sont confrontés à une demande saisonnière ou liée à un projet qui nécessite une flexibilité de la main-d'œuvre
    Valeur des contrats de travail temporaire
    Pour les petites entreprises, le travail intérimaire remplit plusieurs fonctions essentielles :
    1. la gestion de l'incertitude : Elle nous permet de réagir à des conditions de marché imprévisibles sans mettre en péril l'ensemble de notre entreprise.
    2. l'expertise spécialisée : Accès à des compétences spécialisées pour des projets spécifiques sans frais généraux permanents.
    3. la facilitation de la croissance : Permet de tester l'expansion sans engagements immédiats à long terme
    4. la simplification administrative : Réduction des processus RH complexes pour les entreprises à capacité limitée
    PRÉOCCUPATIONS CONCERNANT L'AFFAIRE EN COURS
    Bien que nous reconnaissions l'importance de la protection des travailleurs, plusieurs aspects de cette affaire soulèvent des inquiétudes pour les petites entreprises :
    Béquilibrer la flexibilité et la protection
    Les petites entreprises ont besoin d'une approche réglementaire équilibrée :
    1. préserver la flexibilité nécessaire : Toute interprétation qui restreindrait sévèrement le recours aux travailleurs temporaires porterait un préjudice disproportionné aux petites entreprises qui dépendent de cette flexibilité pour rester viables.
    2. clarté et prévisibilité : Les petites entreprises ont besoin de règles claires et cohérentes qui ne changent pas de manière inattendue
    3. tient compte de la charge administrative : Les exigences qui imposent d'importants processus de déclaration ou de justification pourraient accabler les petites entreprises.
    L'importance du contexte
    Nous notons que cette affaire concerne Intercos Europe, une entreprise de plus grande taille. L'interprétation de la Cour pourrait avoir des conséquences inattendues pour les petites entreprises si elle ne tient pas compte des différences de :
    1. l'échelle : Ce qui est administrativement faisable pour les grandes entreprises peut être insurmontable pour les petites.
    2. les ressources : Les petites entreprises ne disposent pas de services spécialisés en matière de conformité
    3. la position sur le marché : Les petites entreprises ne peuvent souvent pas absorber les coûts que les grandes entreprises peuvent supporter
    CONSIDÉRATIONS SPÉCIFIQUES POUR LA COUR
    Conséquences potentielles involontaires
    Si l'article 1, paragraphe 1, et l'article 5, paragraphe 5, sont interprétés comme exigeant une justification pour toutes les fins de mission temporaire, les petites entreprises pourraient être confrontées à des difficultés :
    1. augmentation de la charge administrative : La documentation des justifications pour chaque changement d'affectation détournerait les ressources des activités principales.
    2. l'incertitude juridique : Des normes vagues sur ce qui constitue une "justification" suffisante pourraient créer une responsabilité imprévisible.
    3. un accès restreint aux solutions en matière de main-d'œuvre : Les agences pourraient devenir plus restrictives dans l'offre de leurs services aux petites entreprises en raison de la complexité accrue de la réglementation.
    4. désavantage concurrentiel : Les grandes entreprises peuvent plus facilement absorber les coûts de mise en conformité, ce qui désavantage les petites entreprises.
    Approches alternatives
    Nous suggérons à la Cour d'envisager des approches proportionnées :
    1. faire la distinction entre les tailles d'entreprises Reconnaître que des normes différentes peuvent convenir à des entreprises de tailles différentes
    2. se concentrer sur les schémas d'abus : Cibler les cas d'abus systématiques plutôt que d'imposer des exigences contraignantes à toutes les conventions temporaires.
    3) Tenir compte de la réalité concrète : Examiner si les dispositions répondent réellement à des besoins temporaires plutôt que d'imposer des exigences formelles rigides.
    4. respecter le contexte national : Laisser aux États membres la possibilité de mettre en œuvre les protections de manière à refléter leurs structures économiques.
    NOTRE PROPOSITION
    Nous suggérons respectueusement à la Cour d'interpréter la directive 2008/104/UE d'une manière qui :
    1. cible les abus manifestes Empêche les affectations "temporaires" indéfinies qui sont clairement conçues pour contourner les protections de l'emploi.
    2. préserver la flexibilité légitime : Maintien de la capacité des petites entreprises à utiliser des travailleurs temporaires pour des besoins réellement temporaires.
    3. garantit la proportionnalité : Impose des exigences administratives proportionnelles à la taille et aux ressources de l'entreprise.
    4. apporte de la clarté : Établit des lignes directrices claires que les petites entreprises peuvent suivre de manière réaliste.
    Plus précisément, nous proposons d'établir une distinction entre
    - Recours répété à des contrats de courte durée consécutifs pour le même poste (ce qui peut indiquer un abus).
    - De véritables contrats d'agence à durée indéterminée avec des périodes de préavis et des conditions de résiliation définies
    CONCLUSION
    Les petites entreprises soutiennent les objectifs fondamentaux de la directive 2008/104/UE en matière de protection des travailleurs tout en maintenant la flexibilité du marché du travail. Toutefois, une interprétation trop restrictive exigeant une justification pour toutes les fins de missions temporaires représenterait une charge disproportionnée pour les petites entreprises et pourrait réduire les opportunités d'emploi.
    Nous demandons respectueusement à la Cour de prendre en compte la position unique des petites entreprises lors de l'interprétation de l'article 1(1) et de l'article 5(5) de la directive 2008/104/CE, en veillant à ce que toutes les exigences imposées soient proportionnées, claires et réalistes pour les entreprises de toutes tailles.
    Les solutions qui fonctionnent pour les grandes entreprises comme Intercos Europe peuvent ne pas être appropriées pour les millions de petites entreprises qui forment l'épine dorsale de l'économie européenne. Nous demandons à la Cour d'envisager une approche équilibrée qui protège les travailleurs tout en préservant la flexibilité qui permet aux petites entreprises de fonctionner, d'être compétitives et de créer des emplois.

    Respectueusement soumis,

    Alliance européenne des petites entreprises

  • MÉMOIRE D'AMICUS
    DANS L'AFFAIRE DEVANT LA COUR DE JUSTICE DE L'UNION EUROPÉENNE
    Déposée au nom de la fictive Fédération européenne des travailleurs temporaires (EFTW)
    Re : C-22/25 Intercos Europe - travailleurs temporaires, égalité de traitement des salariés
    OBJET
    - Directive 2008/104/UE sur le travail intérimaire
    - Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne : Articles 21 et 31
    INTRODUCTION
    Nous sommes la Fédération européenne des travailleurs temporaires (EFTW), un syndicat fictif qui défend les intérêts des travailleurs temporaires dans toute l'Union européenne. Nous nous prononçons sur l'affaire opposant SI à Intercos Europe car nous pensons qu'elle met en lumière un grave problème dans la manière dont certains pays mettent en œuvre les règles de l'UE en matière de travail intérimaire.
    L'ENJEU DE CETTE AFFAIRE
    Cette affaire se résume à la question de savoir s'il est juste qu'une personne travaille dans la même entreprise pendant des années en tant que travailleur "temporaire", avant d'être licenciée sans aucune raison. Le travailleur, SI, a passé plus de six ans chez Intercos, d'abord sous contrat à durée déterminée, puis par l'intermédiaire d'une agence appelée Randstad, qui pouvait mettre fin à sa mission sans donner de raison, ce qu'elle a d'ailleurs fait.
    NOTRE POINT DE VUE SUR LES RÈGLES
    La directive européenne sur le travail temporaire tente de concilier deux choses :
    - Donner aux entreprises la possibilité de recourir à des travailleurs intérimaires en cas de besoin
    - Veiller à ce que les travailleurs intérimaires ne soient pas exploités
    La loi italienne en question ne respecte pas cet équilibre. Elle permet aux entreprises d'employer des travailleurs "temporaires" en permanence sur le même lieu de travail, sans aucune sécurité d'emploi pour les salariés ordinaires.
    POURQUOI CELA EST IMPORTANT
    1. Temporaire doit signifier temporaire
    La directive européenne stipule que le travail intérimaire est censé être temporaire. Permettre à une personne de travailler indéfiniment au même endroit par l'intermédiaire d'une agence va à l'encontre de cette idée de base.
    2. Elle crée deux catégories de travailleurs
    Cette configuration crée un système injuste à deux niveaux :
    o Les salariés réguliers bénéficient de la sécurité de l'emploi et d'une protection contre les licenciements abusifs.
    o Les "intérimaires permanents" effectuent le même travail au même endroit mais peuvent être licenciés à tout moment sans explication.
    3. l'absence de responsabilité
    Sans avoir à justifier la fin de l'affectation d'une personne, les entreprises et les agences peuvent collaborer pour se débarrasser des travailleurs qu'elles n'apprécient pas, quelle que soit la raison, même injuste ou discriminatoire.
    CE QUE NOUS APPRENNENT LES RÉCENTES DÉCISIONS DE JUSTICE
    La Cour a déjà clairement indiqué dans des affaires comme AKT (C-533/13) et KG (C-681/18) que les États membres doivent mettre fin aux arrangements qui permettent aux employeurs d'esquiver les protections prévues par la directive. Dans l'affaire Daimler (C-232/20), la Cour a souligné que les travailleurs intérimaires méritent une protection adéquate.
    CE QU'IL FAUT FAIRE DANS CE CAS
    Nous pensons que la Cour devrait statuer que la loi italienne ne répond pas aux normes fixées par la directive européenne. Les entreprises ne devraient pas être autorisées à utiliser des travailleurs "temporaires" de manière permanente sans leur garantir la sécurité de l'emploi. À tout le moins, elles devraient être tenues de fournir des raisons valables lorsqu'elles mettent fin à la mission d'un travailleur.
    Ce serait le cas :
    - Respecter la nature temporaire du travail intérimaire
    - Garantir un traitement plus équitable entre les différents types de travailleurs
    - Empêcher les entreprises d'utiliser des travailleurs intérimaires dans le seul but d'échapper aux protections de l'emploi
    - Offrir encore de la flexibilité aux entreprises lorsqu'elles ont réellement besoin de personnel temporaire
    CONCLUSION
    Le système italien actuel permet aux entreprises d'avoir le beurre et l'argent du beurre : elles obtiennent des travailleurs qui sont effectivement permanents, mais qui peuvent être licenciés à tout moment sans raison. Cela va à l'encontre de la lettre et de l'esprit de la législation européenne sur le travail temporaire.
    La Cour devrait répondre par l'affirmative à la question de savoir si la directive européenne empêche des réglementations comme celle de l'Italie qui autorisent un déploiement indéfini sans exiger de justification pour la résiliation.
    Respectueusement soumis,
    Fédération européenne des travailleurs temporaires

  • MÉMOIRE D'AMICUS
    DANS L'AFFAIRE DEVANT LA COUR DE JUSTICE DE L'UNION EUROPÉENNE
    Déposé au nom de l'Association européenne fictive des économistes du marché du travail
    Re : C-22/25 Intercos Europe - travailleurs temporaires, égalité de traitement des salariés
    OBJET
    - Directive 2008/104/UE sur le travail intérimaire
    - Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne : Articles 21 et 31

    I. Introduction
    L'Association européenne des économistes du marché du travail (EALME), une association fictive de chercheurs économiques spécialisés dans les marchés du travail européens, soumet ce mémoire d'amicus curiae dans l'affaire concernant SI et Intercos Europe. Notre expertise en matière de dynamique du marché du travail, de relations d'emploi et d'impact économique des réglementations du travail apporte une perspective précieuse sur les questions soumises à la Cour.

    II. Contexte économique du travail intérimaire

    Le travail intérimaire est une composante importante des marchés du travail européens, puisqu'il représente environ 1,9% de l'emploi total dans l'UE. Cette forme d'emploi remplit plusieurs fonctions économiques :
    1. la flexibilité du marché du travail : Permet aux entreprises d'ajuster la taille de leur main-d'œuvre en réponse aux fluctuations de la demande.
    2. réduction des coûts de recherche : Rationalisation de l'adéquation entre les travailleurs et les postes
    3. les voies d'accès : Fournit des points d'accès au marché du travail pour les groupes marginalisés.
    4. l'acquisition de compétences spécialisées : Permet aux entreprises d'accéder à des compétences spécialisées pour des périodes limitées.
    Cependant, nos recherches empiriques indiquent que les avantages économiques des contrats de travail temporaire dépendent de leur bon fonctionnement en tant que relations véritablement temporaires. Lorsqu'ils sont utilisés à mauvais escient comme substituts à l'emploi permanent, ces arrangements créent des inefficacités économiques et des coûts sociétaux substantiels.

    III. Analyse économique de la présente affaire

    La situation en question, dans laquelle un travailleur reste dans la même entreprise pendant six ans par le biais d'accords successifs avec une agence de travail temporaire, représente une distorsion du modèle de travail temporaire qui a plusieurs conséquences économiques négatives :

    A. Segmentation du marché du travail
    La disposition italienne autorisant le détachement temporaire pour une durée indéterminée dans la même entreprise sans exigence de justification pour le licenciement contribue au dualisme du marché du travail. Nos recherches indiquent que les pays présentant des niveaux élevés de segmentation du marché du travail sont confrontés à des problèmes de dualité du marché du travail :
    - Réduction de la productivité globale et de la croissance économique
    - Diminution de la croissance des salaires dans les deux segments
    - Des taux d'investissement plus faibles dans la formation des travailleurs et le développement des compétences
    - Accroissement des inégalités et réduction de la mobilité sociale
    Une analyse de la segmentation du marché du travail dans les États membres de l'UE réalisée en 2022 a révélé que chaque augmentation de 10% de la proportion de travailleurs temporaires semi-permanents (ceux qui restent dans la même entreprise pendant plus de deux ans) était associée à une diminution de 3,2% de la croissance moyenne de la productivité.

    B. Formation du capital humain
    Les relations entre le travailleur et l'entreprise, caractérisées par l'insécurité de l'emploi malgré une longue ancienneté, créent des incitations sous-optimales à l'investissement dans le capital humain :
    1. la désincitation à l'investissement des travailleurs : Les travailleurs confrontés à un licenciement arbitraire en dépit de leurs années de service sont moins incités à investir dans les compétences et les connaissances spécifiques à l'entreprise.
    2. la réticence des employeurs à l'égard de la formation : Les employeurs qui traitent les travailleurs de longue durée comme des travailleurs temporaires sont moins enclins à leur offrir une formation et un développement.
    3. l'inefficacité de la gestion des connaissances : La précarité du statut entrave le transfert des connaissances et la mémoire institutionnelle.
    Nous estimons que l'utilisation inappropriée d'arrangements temporaires réduit la formation de capital humain spécifique à l'entreprise de 23-28% par rapport aux relations d'emploi correctement classées.

    C. Effets sur la productivité et l'innovation
    La recherche économique démontre qu'une précarité excessive de l'emploi a un impact négatif sur la productivité et l'innovation :
    1. un engagement organisationnel réduit : Les travailleurs qui ne bénéficient pas de la sécurité de l'emploi font preuve d'un engagement et d'une implication moindres au sein de l'organisation.
    2. diminution du partage des connaissances : Les travailleurs précaires sont moins enclins à partager leurs connaissances tacites et leurs idées novatrices.
    3. des coûts de rotation plus élevés : Même si les travailleurs "temporaires" restent en poste pendant des années, leur statut précaire augmente la probabilité d'un départ éventuel, ce qui accroît les coûts de rotation.
    Nos études longitudinales sur les entreprises manufacturières de l'UE ont révélé que celles qui comptaient une forte proportion de travailleurs à long terme mais légalement "temporaires" affichaient des taux d'innovation 17% inférieurs à ceux d'entreprises comparables dont la main-d'œuvre était correctement classée.

    IV. Évaluation économique de la mise en œuvre de la directive

    D'un point de vue économique, l'article 5, paragraphe 5, de la directive 2008/104/CE, qui impose aux États membres d'empêcher les cessions successives destinées à contourner les dispositions de la directive, remplit une importante fonction d'efficacité. Sans ce garde-fou, le marché ne parvient pas à atteindre des résultats optimaux pour les raisons suivantes :
    1. l'asymétrie de l'information : Les travailleurs ne peuvent pas évaluer avec précision la véritable nature de leur relation de travail.
    2. les déséquilibres de pouvoir : Les travailleurs individuels n'ont pas le pouvoir de négociation nécessaire pour contester une classification erronée.
    3. l'arbitrage réglementaire : Les entreprises peuvent exploiter les différences de réglementation entre les formes d'emploi
    La disposition italienne autorisant le déploiement pour une durée indéterminée sans exigence de justification pour le licenciement permet précisément le type d'arbitrage réglementaire qui crée l'inefficacité économique. Elle permet aux entreprises de maintenir des travailleurs permanents de facto tout en évitant les coûts et les responsabilités associés à l'emploi permanent.

    V. Équilibrer la flexibilité et la sécurité

    D'un point de vue économique, la mise en œuvre optimale de la directive serait la suivante :
    1. préserver une véritable flexibilité : Maintenir la capacité des entreprises à utiliser des travailleurs temporaires pour des besoins réellement temporaires
    2. prévenir les erreurs de classification : Veiller à ce que les relations à long terme soient correctement classées comme des emplois permanents.
    3. réduire les coûts de transaction : Créer des lignes directrices claires qui minimisent l'incertitude et les litiges
    4. aligner les incitations : Veiller à ce que les travailleurs et les entreprises disposent d'incitations appropriées pour investir dans la relation de travail.
    L'interprétation des articles 1 et 5 par la Cour aura un impact significatif sur la réalisation de ces objectifs.

    VI. Conclusion et recommandation

    Sur la base de notre analyse économique, nous recommandons à la Cour d'interpréter l'article 1, paragraphe 1, et l'article 5, paragraphe 5, de la directive 2008/104/CE comme empêchant les réglementations nationales qui autorisent le déploiement indéfini de travailleurs intérimaires auprès de la même entreprise utilisatrice sans exigence de justification pour la résiliation.
    Une telle interprétation serait :
    1. promouvoir l'efficacité économique : Veiller à ce que les relations de travail soient correctement classées en fonction de leur substance économique
    2. réduire les distorsions du marché : Minimiser l'arbitrage réglementaire qui crée une segmentation inefficace du marché du travail.
    3) Optimiser les incitations : Créer des incitations appropriées pour l'investissement en capital humain
    4. équilibrer la flexibilité et la sécurité : Préserver l'authenticité du travail temporaire tout en évitant les abus

    Les données économiques suggèrent fortement que le fait d'autoriser des détachements "temporaires" de durée indéterminée sans exigence de justification pour la résiliation nuit à la fois à l'objectif de la directive et au fonctionnement efficace des marchés du travail européens.

    Respectueusement soumis,
    Association européenne des économistes du marché du travail

  • À LA COUR DE JUSTICE EUROPÉENNE
    Cas C-XXX/25
    SI c. Intercos Europe et Randstad
    Question d'une Cour italienne

    MÉMOIRE DE L'AMICUS CURIAE DE L'ALLIANCE FICTIVE DES EMPLOYEURS EUROPÉENS POUR AIDER LA COUR

    POURQUOI NOUS ÉCRIVONS
    L'Alliance fictive des employeurs européens (AEE) est un groupe d'entreprises de toute l'Europe. Nous représentons des entreprises qui embauchent des millions de travailleurs, y compris par l'intermédiaire d'agences d'intérim. Nous vous écrivons pour vous faire part de notre point de vue sur une règle de travail (la directive 2008/104/UE) et sur la manière dont elle affecte les employeurs. Nous voulons aider la Cour à prendre une décision équitable qui soit favorable à la fois aux travailleurs et aux entreprises. Ce document n'a été rédigé par aucune personne impliquée dans l'affaire et nous l'avons payé nous-mêmes.
    CE QUE NOUS PENSONS
    Cette affaire porte sur la question de savoir si une loi italienne suit une règle de l'UE sur les travailleurs intérimaires. La directive européenne 2008/104 protège les travailleurs intérimaires tout en permettant aux entreprises de rester flexibles. La loi italienne stipule qu'une agence d'intérim peut embaucher quelqu'un de manière permanente et l'envoyer dans la même entreprise aussi longtemps que nécessaire, sans expliquer pourquoi l'emploi prend fin. Nous pensons que cette pratique est acceptable au regard de la réglementation européenne. Elle permet à des entreprises comme Intercos de s'adapter aux changements tout en traitant les travailleurs de manière équitable. Nous demandons à la Cour de reconnaître que la loi italienne est conforme à la législation européenne et qu'elle n'enfreint aucun droit fondamental.
    POURQUOI NOUS PENSONS CELA
    1. La règle de l'UE donne des choix aux pays
    Le règlement de l'UE stipule que les travailleurs intérimaires doivent être traités équitablement, mais il ne fixe pas de limites strictes quant à la durée pendant laquelle ils peuvent travailler pour une même entreprise et n'oblige personne à expliquer les raisons pour lesquelles un emploi prend fin. Elle vise à aider les travailleurs et à permettre aux entreprises de s'adapter (voir les parties 11 et 15). La loi italienne permet à un travailleur comme SI de rester chez Intercos aussi longtemps que nécessaire, puisqu'il est embauché de manière permanente par Randstad. Cela correspond à l'objectif de la règle européenne, qui est de maintenir la flexibilité pour les employeurs.
    2. Le travailleur a toujours des droits
    SI a été embauché à temps plein par Randstad, et non par Intercos. Il a travaillé chez Intercos pendant des années, d'abord pendant 22 mois, puis plus longtemps dans le cadre d'un nouvel accord. La réglementation européenne stipule qu'il doit bénéficier du même salaire et des mêmes conditions de base que les travailleurs réguliers d'Intercos, mais elle ne stipule pas que son emploi doit durer éternellement ou que Randstad doit expliquer pourquoi il a pris fin. Les droits de SI proviennent de Randstad, et il n'a pas été laissé sans emploi. La loi italienne le protège suffisamment tout en laissant les entreprises prendre des décisions.
    3. Cela n'enfreint pas les droits de l'UE
    Les droits fondamentaux de l'Union européenne (articles 21 et 31) stipulent que les personnes ne doivent pas être traitées de manière inéquitable et doivent bénéficier de conditions de travail décentes. La loi italienne ne traite pas SI plus mal à cause de ce qu'il est, et elle ne rend pas son travail dangereux ou injuste. Elle permet simplement à Randstad de mettre fin à son contrat avec Intercos sans avoir à fournir de grandes explications. Ce n'est pas contraire aux règles, c'est un aspect normal du travail intérimaire.
    4. L'importance de cette question pour les entreprises
    Des entreprises comme Intercos font appel à des travailleurs intérimaires pour faire face à des périodes de forte activité ou à des projets spéciaux. Si elles ne peuvent pas garder les travailleurs aussi longtemps que nécessaire ou si elles doivent expliquer chaque changement, il devient plus difficile et plus coûteux de faire fonctionner leur entreprise. Les petites entreprises ont particulièrement besoin de cette liberté pour rester à flot. Si la Cour déclare que la loi italienne est erronée, cela pourrait bouleverser le fonctionnement des entreprises dans toute l'Europe.
    CE QUE NOUS DEMANDONS
    Nous pensons que la règle européenne (articles 1 et 5) n'empêche pas la loi italienne de permettre aux travailleurs intérimaires de rester longtemps dans la même entreprise sans avoir besoin d'un motif d'arrêt. Elle suit la règle de l'UE et respecte les droits des travailleurs. Nous demandons à la Cour de répondre "non" à la question - la loi italienne est bonne telle qu'elle est.

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